Gaëtan Ménard, co-fondateur et président d’EspritMeuble
Quel rôle les salons professionnels peuvent-ils jouer en matière de développement durable : le point de vue de Gaëtan Ménard (EspritMeuble)
Co-fondateur de la manifestation professionnelle EspritMeuble, Gaëtan Ménard estime que le salon dont il préside aux destinées avec Alain Liault depuis 2012 doit, au même titre que tous les acteurs de la filière, jouer un rôle en matière de développement durable. À l’intention des lecteurs de Cuisines & Bains Magazine, il détaille ainsi toutes les initiatives « vertueuses » prises par la grand-messe française du Meuble. À lui la parole !
Cuisines & Bains Magazine : Considérez-vous que les salons ont un rôle à jouer en matière de développement durable ?
Gaëtan Ménard : Absolument ! En tout cas, c’est ainsi qu’Alain Liault (co-fondateur d’EspritMeuble) et moi-même concevons la manifestation professionnelle que nous avons lancée en 2012. En effet, la dimension « vertueuse » de notre marché ne doit plus être considérée comme un facteur de différenciation facultatif, destiné aux seuls initiés ; au contraire, elle devient progressivement incontournable pour tous les acteurs de la filière qui entendent pérenniser leur activité. Dans la mesure où EspritMeuble s’affirme, plus que jamais, comme un générateur de business et œuvre à favoriser les « affaires » de ses exposants et de ses visiteurs, le salon se doit, aujourd’hui, de porter ces sujets.
CBM : De quelle manière ?
G. M. : Tout d’abord, nous nous efforçons, en matière de communication, de relayer toutes les initiatives prises par les acteurs du marché en faveur du développement durable. Ainsi notre newsletter intègre-t-elle une rubrique consacrée aux « initiatives engagées ». Nous faisons notamment écho des articles consacrés à ces dernières et qui sont régulièrement publiés dans la presse professionnelle et spécialisée. Par ailleurs, nous informons nos lecteurs des actions menées par les organisations professionnelles que sont, entre autres, le GIFAM (Groupement des marques d’appareils pour la maison, NDLR) ou encore l’Ameublement français. Celles-ci accomplissent un travail formidable sur tous les sujets qui ont trait au développement durable, et sont particulièrement crédibles dans ce domaine.
À titre d’exemple, l’Ameublement français a ainsi lancé récemment un programme sur mesure de développement d’une stratégie RSE à moyen et long-terme, avec le soutien du CODIFAB (Comité professionnel de Développement des Industries Françaises de l’Ameublement et du Bois) et la méthodologie du cabinet expert RSM.
CBM : Prenez-vous également des engagements en faveur du développement durable pendant le salon ?
G. M. : Naturellement ! Nous considérons même que nous avons un devoir d’exemplarité en la matière ; ce qui vaut pour la filière vaut pour le salon qui entend représenter cette dernière de la plus éloquente et la plus efficace des manières.
Aussi avons-nous entrepris de mesurer nos niveaux de déchet et notre impact carbone, et ce afin d’organiser des éditions toujours plus « vertueuses ».
D’autre part, nous nous sommes efforcés, l’an passé, de promouvoir l’innovation responsable au sein de notre marché en attribuant, dans le cadre, des trophées « M Awards EspritMeuble 2022 », un « Prix spécial de l’initiative engagée 2022 » (voir encadré, NDLR). Incidemment, je précise que cette notion d’innovation responsable, liée au cycle de vie du produit, à l’éco-conception, au made in France ou encore au circuit court sera à nouveau à l’honneur lors de l’édition 2023.
Enfin, nous avons, en 2022, consacré plusieurs « talks » à des sujets liées au développement durable. Parmi ces derniers, on peut citer :
- « Économie circulaire: quels engagements des fabricants d’appareils électroménager ? » (Camille Beurdeley, déléguée générale du GIFAM) ;
- « Le marché de la seconde main, de nouvelles opportunités de business » (Manon Le Padellec, co-fondatrice d’Izidor et Laurence Burin des Rosiers, co-fondatrice de Repetita) ;
- « Le Réemploi et la réparation du mobilier : perspectives 2023 » (Benoît Godon et Éric Weisman-Morel, respectivement responsable éco-conception et directeur du développement de Écomaison/Écomobilier).
CBM : Les exposants à EspritMeuble sont-ils, selon vous, sensibilisés à cette thématique du développement durable ?
G. M. : Ils le sont de plus en plus, en tout cas ! J’en veux pour preuve que ces sujets reviennent régulièrement sur la table lors des groupes « Progrès » que nous organisons régulièrement avec une partie de nos exposants en amont de chaque salon. Dans la mesure où ils considèrent qu’EspritMeuble est l’une des composantes et l’une des vitrines de leurs pratiques, ils mènent une réflexion riche en enseignements sur la durabilité des stands, la logique de réemploi, etc.
Je précise par ailleurs que nous venons de lancer le programme EspritSuccès. Il s’agit d’un nouveau service gratuit destiné à accompagner les exposants afin que leur présence au salon soit la plus fructueuse et la plus réussie possible : partage des bonnes pratiques, check-list, accompagnements collectifs et individuels, etc. L’accompagnement EspritSuccès s’articule ainsi autour de quatre sujets :
- Bien préparer et optimiser le stand ;
- Mobiliser les équipes internes ;
- Optimiser la communication pour mobiliser les visiteurs / clients ;
- Concrétiser le business.
Et il va de soi que la durabilité des stands est l’un des thèmes majeurs intégrés dans cet accompagnement !
CBM : l’édition 2023 d’EspritMeuble sera de retour dans le Pavillon 1 – déjà occupé par le salon en 2021 – et ce jusqu’en 2026 : cette initiative va-t-elle dans le sens d’un engagement concret en faveur du développement durable ?
G. M. : Tout à fait ! En nous installant « durablement » dans le Pavillon 1… si j’ose le dire ainsi, nous permettons à ceux qui souhaitent s’inscrire dans une logique de construction vertueuse de leur stand de le faire dans les meilleures conditions ; d’autant que les exposants peuvent conserver, d’une année à l’autre, l’emplacement qui leur est dédié dans ledit Pavillon.
Du reste, nous menons auprès des exposants une démarche proactive concernant ce sujet, en leur faisant notamment valoir qu’aujourd’hui, il y a beaucoup plus de sens, pour une marque, à disposer d’un stand réutilisable. Ce faisant, nous nous efforçons de faire converger les intérêts économiques et écologiques des acteurs de la filière.
CBM : Que répondez-vous à celles et ceux qui remettent désormais en cause la tenue des salons, dans la mesure où ces derniers sont, à les en croire, peu vertueux ?
G. M. : J’ai en effet entendu parler d’un industriel – acteur d’une filière autre que la nôtre, je le précise – qui a préféré organiser sa propre manifestation plutôt que de participer au salon référent pour sa profession ; à l’en croire, l’impact carbone de ce dernier justifie une telle décision.
Soit… Mais si tous les fabricants raisonnent de la sorte, la situation ira au contraire en s’aggravant : mieux vaut, en termes d’impact carbone, qu’un visiteur rencontre 20 ou 30 exposants en une seule visite de salon plutôt qu’il effectue 20 ou 30 voyages pour voir les mêmes industriels. Pardonnez moi si je me répète, mais les salons comme EspritMeuble permettent justement de faire converger les intérêts économiques et écologiques des acteurs de la filière.